Renouveler votre confiance en Marie et en l’Eglise – homélie Marie Mère de l’Eglise – Fête des Jubilaires

Lundi de Pentecôte 20 mai 2024 – Marie mère de l’Eglise – 10:30 Sanctuaire ND du Laus –  Fête des jubilaires

En 2025 nous fêterons un grand jubilé. Vous rappelez vous les jubilés de l’an 2000, de 1975, de 1950. Qui a pu y participer ? Au lendemain de la fête de la Pentecôte, le Pape François a institué que le lundi de Pentecôte, nous célébrions la fête de ‘Marie Mère de l’Eglise’, le jour où au Laus nous avons la belle habitude de célébrer les jubilés de mariage, de consécration et d’ordination.

Le titre de ‘Marie mère de l’Eglise’ unifie le double mystère de Marie et de l’Eglise. Le Cardinal de Lubac dans son livre ‘Méditations sur l’Eglise’ (page 275s) estime que pour l’intelligence de l’un la contemplation de l’autre est indispensable. Nous pouvons ainsi remarquer que dans la tradition, les mêmes symboles bibliques sont appliqués à l’Eglise et à la Vierge : nouvelle Eve, arche d’Alliance, porte du Ciel, tabernacle du Très-Haut, cité mystique, la femme ennemie du serpent, etc. Très tôt les chrétiens ont perçu que si Marie est la figure idéale de l’Eglise, elle en est le miroir où se reflète l’Eglise entière. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle quand le Concile Vatican II parle de la Vierge Marie, il le fait dans sa constitution sur l’Eglise, ‘Lumen Gentium’, et n’a pas de texte spécifique. 

Pourquoi dit-on que Marie est mère de l’Eglise ? Il y a deux sens, que nous allons voir successivement, puis nous verrons comment cela impacte nos différentes vocations.

Marie est mère de l’Eglise en premier lieu au sens où elle est la mère de chacun des fils et filles de l’Eglise : « Voici ta mère. » La maternité de Marie à l’égard du Christ entraîne chez elle une maternité spirituelle à l’égard de tous les chrétiens. Saint Jean nous décrit Jésus en Croix nous donnant sa mère. Et bientôt après, le côté ouvert par la lance livre à l’Eglise, avec l’eau du baptême, le sang du sacrifice. Si Saint Jean note précisément ce détail : « un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau », c’est qu’il veut indiquer les deux sacrements, Baptême et Eucharistie par laquelle l’église engendre de nouveaux fils et filles adoptifs de Dieu. Le cardinal de Lubac relève que la maternité de Marie sur l’Eglise est en tout l’image de la maternité de l’Eglise sur les Chrétiens : Celui que la Vierge enfanta, l’Eglise l’enfante encore tous les jours (p. 279s) L’une a donné le salut aux peuples, l’autre donne les peuples au Sauveur. L’une a porté la Vie dans son sein, l’autre la porte dans la fontaine du sacrement.

Les deux maternités reposent sur l’animation du Saint Esprit: l’Esprit Saint viendra sur toi annonce l’ange à la Vierge, et sur la Croix, « Jésus dit : Tout est accompli. Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. » Ce dernier souffle est le symbole de l’Esprit Saint remis à l’Eglise et qui va désormais l’animer et qu’elle va transmettre dans le sacrement de la Confirmation. On dit aussi que si Marie est membre de l’Eglise, elle en est le premier membre, le principal, membre en un sens si éminent, car elle en est aussi la mère. St Ephrem dit qu’ « elle est la terre où fut ensemencée l’Eglise ».

Donc Marie est mère de l’Eglise en premier lieu au sens où elle est la mère de chacun des fils et filles de l’Eglise.

En second lieu, Marie est mère de l’Eglise au sens où elle porta tout l’édifice naissant de l’Eglise, et le porte encore : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus. » Quand Marie se tenait debout devant la Croix, c’était toute l’Eglise qui en elle se tenait debout. Par sa foi inébranlée, elle constituait l’Eglise de Jésus.  Marie est présente en permanence avec les disciples d’hier et d’aujourd’hui.

Voyons maintenant comment cela impacte nos différentes vocations.

Chers époux, le lien entre Marie et la vie conjugale est porté par son lien conjugal avec Joseph. Saint Augustin, cité par Jean-Paul II, écrit qu’ « en ces père et mère du Christ se sont réalisés tous les biens du mariage : la progéniture, la fidélité, le sacrement (indissoluble). Nous connaissons la progéniture, qui est le Seigneur Jésus lui-même; la fidélité, car il n’y a aucun adultère; le sacrement (indissoluble), car il n’y a aucun divorce. » Le pape précise encore : « Quand ils analysent la nature du mariage, saint Augustin comme saint Thomas considèrent constamment qu’elle réside dans « l’union indivisible des esprits », dans « l’union des cœurs », dans « le consentement » ; tous éléments qui se sont manifestés d’une manière exemplaire dans ce mariage (de Marie et Joseph). »

Chers consacrés, le lien entre Marie et la Vie Consacrée est porté par son exemplarité. Marie est une source d’inspiration pour le style de vie. Elle est un modèle accompli de radicalisme dans la marche à la suite du Christ des consacrés. Malgré des différences entre la vie consacrée et la Mère du Seigneur, pensons à l’amour sponsal de Marie pour Joseph et à l’expérience de maternité de Marie, il y a une profonde consonance. Dans l’évènement de l’Incarnation, Marie fut consacrée par l’Esprit : « L’Esprit Saint viendra sur toi. » Par cette consécration Marie devient comme dit saint Jean-Paul II : « la plus totalement consacrée à Dieu » (Redemptionis donum, 17) Marie est aussi une femme totalement fidèle à sa vocation, du fiat de l’Annonciation au fiat du pied de la Croix. Enfin Marie est « la première et la parfaite disciple », comme l’appellera Saint Paul VI dans son exhortation ‘Marialis Cultus’. Elle est réellement le modèle de la marche à la suite du Christ.

Chers frères prêtres, le lien entre Marie et le prêtre est porté par l’Eucharistie. Comme la fonction maternelle de Marie est de donner au monde l’Homme-Dieu, la fonction maternelle de l’Eglise culmine dans la célébration de l’Eucharistie, qui nous donne le Christ. D’où le lien entre le prêtre et Marie ; Saint Jean Eudes voyait dans le prêtre « l’image de la Vierge Mère ».

Alors chers amis jubilaires, couples, consacrés et prêtres, qu’en cette fête de Marie mère de l’Eglise, votre anniversaire d’engagement soit l’occasion de renouveler votre confiance en Marie, mais aussi en l’Eglise. Qu’il soit pour vous l’occasion de rendre grâce et de faire mémoire de Celui qui a été l’inspirateur de votre vocation et ne cesse de la soutenir par son Esprit Saint, car Dieu lui-même est fidèle à ses promesses. Ce qu’il a fait le jour de votre engagement définitif, il le fait chaque jour, être à vos côtés, et il envoie sa mère, sa parfaite disciple. Et en cette année de la prière, qu’il soit aussi l’occasion de demander à l’Esprit Saint de vous renouveler dans votre prière, socle de votre fidélité, qui vous permet de ne jamais tomber dans la routine ou l’activisme. Comme les apôtres, soyons assidus à la prière, avec Marie la mère de Jésus. Amen !