20240627 Quelle est la qualité de notre vie fraternelle ? Homélie à Mont Dauphin pour la sortie des prêtres et diacres

Jeudi 27 juin 2024 – en l’église Saint Louis de Mont Dauphin, à l’occasion de la sortie de fin d’année des prêtres, diacres et épouses de diacres

(non enregistré car l’acoustique n’y est pas bonne)

« Le roi Jékonias et tous les soldats furent déportés à Babylone par le roi Nabuchodonosor »

Nous savons qu’en raison de sa position stratégique entre l’Égypte et la Mésopotamie, Israël et Juda ont été assaillis à de nombreuses reprises par leurs voisins. Le second livre des rois nous plonge vers l’an 600 avant JC : Juda est occupé par les Babyloniens mais se révolte. Nabuchodonosor envoie son armée réprimer la révolte en 598. Il déporte le tout jeune roi Jékonias, ses soldats et tous les notables à Babylone, et brise tous les objets en or du Temple. Il met sur le trône un roi fantoche, Sédécias. Mais celui-ci 10 ans plus tard, pour se libérer de la tutelle de Nabuchodonosor, fait appel à l’Égypte. Les Babyloniens réenvahissent Juda et font le siège de Jérusalem pendant 18 mois au termes desquels en 585 ils arrêtent le roi, lui crève les yeux, pillent encore une fois les objets du temps et détruisent Jérusalem et le Temple. Quelle histoire dramatique. Histoire qui se poursuit sur cette Terre Sainte.

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik témoignait il y a quelques jours dans le Dauphiné Libéré : « Depuis que l’être humain est sur Terre, ce n’est qu’une succession de catastrophes. Sans compter les guerres qui sont incessantes depuis 300 000 ans. Ce qui nous arrive actuellement est donc régulier, même si on est en train de connaître une convergence de catastrophes. » Fin de citation. Dérèglement climatique, guerres partout dans le monde, bouleversements politiques, nous cumulons effectivement. Le dérèglement climatique nous atteint particulièrement en montagne, et on pense aux habitants de la Bérarde dans l’Isère voisine, mais aussi à tous les dégâts des intempéries de novembre dernier et de ce mois de juin dans certaines de vos paroisses, et j‘imagine combien vous vous êtes montrés proches de vos paroissiens. « La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison » avec ses deux conclusions possibles : « la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc » ou « construite sur le sable sa maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet ».

La différence entre le roc et le sable est l’écoute de la Parole de Dieu

« Celui qui entend les paroles que je dis là
et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. »

Auparavant, Jésus avait sermonné ses apôtres : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !” qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux. » La répétition de prières ne suffit pas, car la foi n’est vraie que si elle engage : c’est en se mettant à la suite du Christ, en agissant conformément à son enseignement qui nous révèle la volonté du Père qu’on le reconnaît pour Seigneur. Mais ce ne sont pas les œuvres qui nous sont demandées en tant que telles, mais d’accomplir la volonté d’amour du Père, révélé dans le Fils.

Comment, dans la situation où nous nous trouvons, aimer comme le Père ? Comment aider les croyants qui sont confiés à notre sollicitude pastorale à aimer dans la situation présente ? Les évêques membres du Conseil Permanent s’y sont essayés avec un texte et une prière pour ce temps troublé, que vous pouvez reprendre en fin de messe. Je m’y suis aussi essayé dans un texte sur le site internet diocésain, avec l’oraison de la messe pour le pays. Chacun de nous va s’y essayer.

Jésus continue avec des paroles franches : « Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui commettez le mal ! » En fait vous vous êtes déjà écartés par ce mal.

La question est la distance entre Jésus et nous. Le roc sur lequel la maison est construite est en définitive Lui.

Il me semble que la distance entre Jésus et nous est aussi à mettre en relation avec la distance entre nous.

Interrogeons la qualité de la vie fraternelle de nos communautés paroissiales. Dans cette période troublée, nous devrions valoriser et augmenter la vie fraternelle dans chacune de nos paroisses. Les fêtes paroissiales de fin ou de début d’année peuvent être des vecteurs de fraternité.

Nous aussi, prêtres, diacres, évêques, comment mieux vivre cette période troublée. Comment nous rapprocher du Christ. Quelle est la qualité de la vie fraternelle de notre presbyterium ? Entre prêtres, entre diacres, entres prêtres et diacres, avec les baptisés ?

Dans sa lettre aux curés à l’occasion d’une rencontre pré-synodale de curés du monde entier, le pape François fait plusieurs recommandation, et ce matin de notre journée fraternelle de fin d’année, je relève celle-ci : « je voudrais, dit le Pape, vous recommander de mettre à la base de tout le partage et la fraternité entre vous et avec vos évêques. (…) Nous ne pouvons pas être d’authentiques pères si nous ne sommes pas avant tout fils et frères. Et nous ne serons pas en mesure de susciter la communion et la participation dans les communautés qui nous sont confiées si avant tout nous ne les vivons pas entre nous. Je sais bien que, poursuite le pape, dans la succession des tâches pastorales, cet engagement pourrait sembler un surplus ou même du temps perdu, mais en réalité c’est le contraire : c’est seulement de cette manière que nous sommes crédibles et que notre action ne détruit pas ce que d’autres ont déjà construit. » Fin de citation.

Chacun de nous ici présent montre combien cette vie fraternelle du presbyterium est à valoriser et privilégier, et à toujours faire progresser, ce dont je vous suis reconnaissant. « Depuis tes diverses vallées », exprime notre vision pastorale diocésaine. Un bel exemple pour moi est le challenge de ski des prêtres et diacres, le challenge Delavay. Je vous encourage à y participer. Un autre exemple sera le voyage pèlerinage provincial des prêtres à Nicée. Je vous y encourage aussi, ainsi qu’à toutes les rencontres en diocèse.

« La maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc », le roc de la vie fraternelle. Amen !